dimanche 24 avril 2016

Cabaret Sainte Lilith

Et le sexe, dans tout ça ?

Il faut savoir qu'il y a autant de "combinaisons" possibles chez les trans que chez n'importe qui d'autre, et que l'attirance ou la préférence sexuelles ne sont pas conditionnées par ce fait. Ainsi, dans toute la population, on trouvera par exemple des hétéros, des homos, des bis, mais cette liste est exhaustive, d'autant que l'orientation sexuelle peut aussi ne pas être figée dans le temps et évoluer, comme tout le reste. Et au sein de la "communauté" transexuelle, on retrouvera peu ou prou exactement les mêmes orientations sexuelles que partout ailleurs. On peut très bien être transexuelle, aller jusqu'au bout de son parcours et devenir une femme, tout en étant toujours attirée par les femmes, même après avoir officiellement été reconnue comme femme, ce n'est pas une notion de cause à effet, tout comme on ne "décide" pas de devenir une femme dans le seul but de pouvoir aller avec des hommes et masquer ainsi une soit disant homosexualité refoulée, comme on l'entend souvent.

Il n'y a pas plus ou moins de règles en matière de sexualité chez les trans que chez n'importe qui d'autre. Cependant, il est vrai qu'une fois qu'on a décidé de commencer son parcours, il y a toujours cette question existentielle qui finit toujours par être posée à l'une ou l'autre, parfois avec un maximum de précautions oratoires, mais en gros c'est souvent un truc du genre : "mais vous allez faire comment après ?" Après ? Ben on fera sans doute comme "avant" je pense...et toi, tu fais comment avec ton mari ou ta femme ? (je demande, des fois que j'apprenne des trucs marrants, il ne faut jamais perdre une occasion d'élargir le cercle de ses connaissances).

Parce qu'il faut quand-même reconnaître une chose, c'est que très souvent, par ignorance et désinformation, les transexuelles sont surtout assimilées à des stars de porno, femmes à bites, et autres trucs fantasmés relayés par les médias, qui débouche sur cette image sulfureuse qui colle à la peau. Oui, il y a des consoeurs qui font du porno, comme d'autres font du tricot ou de la randonnée pédestre...on m'a même dit qu'il y avait des hommes ou des femmes hétéros et biens sous tous rapports qui ne se contenteraient pas seulement de la position du missionnaire, et pire encore, qui auraient recours à certains gadgets, mais je pense que ce sont des histoires....

La sexualité comporte de multiples facettes, comme les yeux des mouches (il paraît que certains aiment aussi à...enfin bref, ça doit pas être évident, ça vole vite, une mouche), et tout n'est jamais tout blanc ou tout noir. Tant que ça se passe entre adultes consentants (en un seul mot pour ma part, mais chacun ses goûts), on peut tout se permettre, la vie est déjà bien assez merdique sous certains aspects pour s'en rajouter encore, une fois la porte fermée...porte sur laquelle chacun peut y voir midi. Tiens, moi, par exemple, j'aime pas trop la tarte au concombre (encore moins depuis cet été), mais si des gens aiment ça, c'est leur droit, et si je préfère la tarte à l'abricot, ça ne veut pas dire que ceux qui aiment le concombre sont à classer chez les malades. Ou alors à ce compte là, il va falloir construire de nouveaux hôpitaux, vu qu'on est toujours le malade de quelqu'un.

Tout ça pour dire que si le sexe est partie intégrante d'un individu, il est dommage de cantonner cet individu dans sa seule orientation sexuelle ou dans ses seules pratiques, c'est assez réducteur je trouve. C'est également pour ça que certaines associations ou certaines personnes ayant un rapport direct avec la communauté transexuelle sont en perpétuelle recherche du terme le plus "policé" pour définir les personnes transexuelles, entre dysphorie de genre, transidentité et j'en passe, puisque le terme transexuel(le) est un peu trop "connoté" en rapport avec le sexe. Personnellement je m'en fiche un peu, ça n'empêchera pas les gens de penser ce qu'ils veulent à notre sujet et ça ne supprimera pas les fantasmes de certains. Quand on voit qu'on est obligé d'instaurer la journée de la jupe en France au 21ème siècle, pour tenter de faire comprendre aux débiles profonds qu'une fille en jupe n'est pas une salope, ou qu'une femme en général n'est pas qu'une paire de seins et un vagin, il y a encore du boulot...et à mon avis, ça ne va pas aller en s'arrangeant... certains font plutôt de la dysphorie d'espèces ou sont transhumanoïdes, au choix.

Donc je reste transsexuelle (enfin, pour l'instant) et tant pis (ou tant mieux, peu importe) si certains en ont des ampoules aux mains. Et puis de toutes façons ce n'est pas un état permanent, vu qu'en principe je suis destinée à devenir une femme, une femme peut-être "issue de la transexualité" mais une femme à part entière et non pas entièrement à part. Du coup, le problème crucial du choix du chirurgien s'imposera fatalement, sachant qu'on n'a pas droit à un deuxième essai. Pour certaines ce n'est pas une priorité, mais je fais partie de celles qui espèrent bien un jour pouvoir s'essayer à faire des vocalises sur l'air de Lakmé (ou plutôt l'acmé, en l'occurrence) ...ou encore plus prosaïquement, connaître le plaisir féminin, ultime "étape" de cette quête que j'ai débutée il y aura bientôt cinq mois, mais pas nécessairement indispensable non plus. Mais je compte bien sur l'amour de la femme de ma vie pour me faire découvrir les contours de cette terre encore inconnue...passer de l'état de trans et connaître ensuite l'état de transcendance entre ses bras me semble être le plus merveilleux des rêves.

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