dimanche 24 avril 2016

Dernière station avant l'autoroute

Alors ça y est enfin ! Je vais franchir le pas pour de bon. Cette fois la machine est lancée, et plus question de dérobades, trop d'années perdues....

J'ai donc pris le parti de prendre rendez-vous avec un psy, et ce pour plusieurs raisons :

- d'une, c'est très activement recommandé pour les gens dans mon cas, même si il semblerait que le côté obligatoire d'un suivi ne soit plus trop...obligatoire, justement. J'ai lu ça et là qu'on n'était plus obligé d'avoir recours à ce genre de spécialiste quand on voulait entamer une transition, mais je pense que le chemin qui m'attend risque d'être déjà assez perturbant pour pouvoir m'en passer.

- de deux, je veux être "sûre" que la solution à mon "problème" se trouve bien dans une démarche de changement de sexe avant de commencer quoi que ce soit. Je ne voudrais pas me tromper, d'autant que c'est irréversible par la suite, et le net fourmille d'exemples de copines qui ont fait le mauvais "choix".

Je préfère qu'un psy me dise que mon problème se situe "ailleurs" plutôt que de faire n'importe quoi.

- de trois, ça me permettra aussi d'avoir une prise en charge au titre de l'ALD, même si la dysphorie de genre n'est plus reconnue comme pathologie mentale depuis février 2010.

Bref, j'essaye de mettre toutes les chances de mon côté. Ce serait trop bête, après toutes ces années et ces nuits à se torturer le cerveau, et ces mois passés à retourner le problème dans tous les sens pour tenter de préserver ma femme. C'est elle qui m'a décidée, en fait, car une fois qu'elle a assimilé toutes les choses concrètes que cette situation allait engendrer, et qu'elle a accepté de relever le défi, pour elle tout est clair. Elle est admirable, je ne le dirai jamais assez.

C'est ainsi que je téléphone pour la première fois à Tom Reucher afin de prendre rendez-vous pour un entretien au début de l'année 2011...nouvelle année, nouvelle vie ? Je croise les doigts. Et me voilà donc à lui parler de moi, de Caro, de notre vie commune, à lui exposer les faits, lui dire le mal-être que je ressens depuis des années...il m'écoute, me pose des questions, me "jauge" sûrement, je n'en sais rien, mais je continue sur ma lancée, c'est la première fois que je me livre autant à un inconnu, et ce pendant près de deux heures.

A l'issue, il m'explique un peu tout le "protocole" qui va encadrer mon parcours, l'endocryno qui me suivra, les séances d'épilation, les analyses et bilans sanguins, le traîtement, tout ça...puis il m'établit un certificat en plusieurs exemplaires, destiné à la sécu, à mon médecin, à mon employeur, etc...par lequel il explique que je deviens "officiellement" sa patiente et que je suis désormais en cours de transition. Ce ne sont pas tout à fait les termes qu'il emploie, mais c'est en gros ce que ça veut dire.

C'est trop beau pour être vrai, et une fois dans ma voiture, je mets de longues minutes à réaliser, relisant encore et encore le certificat, je pleure de bonheur, la vie m'apparaît sous un nouveau jour, Caro n'est plus ce spectre qui me hante, ce n'est plus cette amie que l'on cache, aujourd'hui, Caro c'est tout simplement...moi. Oh bien sûr, il y a encore pas mal de chemin à parcourir avant que cette affirmation soit vraie, et je vais avoir à affronter encore des tas de choses dont j'ignore peut-être même l'existence pour certaines, mais ce premier pas représente un immense espoir à mes yeux. Alors bon, je rentre chez moi aussi vite que je peux et je l'annonce aussitôt à ma femme, et je crois bien qu'on finit toutes les deux dans les bras l'une de l'autre et qu'on laisse notre émotion l'emporter sur tout le reste.

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