dimanche 24 avril 2016

Lobotmie Sporting-Club

Bah...ce matin je viens de passer devant un tribunal de l'inquisition, alors qu'à la base je ne venais que pour demander à ce qu'on me refasse le nez au minimum (c'était pas trop demander pourtant). Ma femme m'accompagnait ainsi qu'un ami trans FtM, et j'avais même étrenné un adorable petit trench coat rouge pour l'occasion, avec une jupe assortie et un petit top, ainsi qu'une paire de jolies bottes à talons.

Une fois installés dans le bureau du praticien plasticien, il a ouvert le feu sans sommations en me questionnant sur le motif de ma venue. Je lui ai expliqué comme ça que j'étais trans (si si), même si ça ne se voyait pas au premier regard (andouille), que j'avais entendu parler de lui par des amies et que je venais m'enquérir d'une éventuelle possibilité de féminisation faciale, eu égard à un nez fort disgracieux qui rendait mon "passing" passable...j'avais même emporté le bouquin d'Edmond Rostand dans mon sac au cas où, avec cette fameuse tirade surlignée au Stabilo : « Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître a détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »...on peut dire que je m'étais préparée de pied en cap...que dis-je en cap, plutôt en péninsule, mais bref.

J'ai ensuite eu droit à toutes sortes de questions très en rapport avec le schmilblick, telles que "vous êtes marié ? et sexuellement, ça se passe comment avec votre femme ? vous savez que des trans FtM refusent la phalloplastie parce qu'elles (sic) ne veulent pas de pansement sur le bras ?" (pour une trans MtF j'ai trouvé ça vachement intéressant) et tout à "lavement" (c'était quand même un médecin qui a l'habitude de "traiter" des trans...les traiter de quoi, je l'ignore)

Et puis ensuite le classique "il vous faut voir un psy, vous savez, le transsexualisme est très encadré en France" ...Ah bon ? "Et puis la Thaïlande, il n'y a aucun suivi et très souvent des complications" Il est en plein complexe oedipien le gars, renier ses maîtres comme ça, c'est pas très sport. "Moi je cherche à former une équipe médicale qui aille dans le même sens" (comme celles de la Sofect ? je lui ai répondu)

Bref, un peu "déstabilisée" par cet étalage de poncifs, qui aurait valu le titre de "transphobe de platine" à n'importe quel autre toubib, j'ai bredouillé quelques vagues excuses, comme quoi j'étais sous THS depuis un an, suivie par une endocryno, un psychologue clinicien, une armée de psys de la maison poulaga, que je bénéficiais de l'ALD, que la SRS était pour moi partie intégrante de mon parcours, que je vivais désormais en full time, enfin bref, des conneries quoi...

C'est alors que le docte docteur, entre deux remontées d'acide (pour moi il se drogue, c'est indéniable), m'a dit comme ça qu'il consentait à me revoir dans trois mois pour un premier bilan. Bilan, kézako ? Depuis quand a-t'on besoin d'un bilan pour rectifier un nez qui se voit comme...le nez au milieu de la figure, justement ? Ou alors c'est qu'il ne m'a pas crue et qu'il pensait que, 3 mois après, mon nez se serait encore allongé ? Attend, bonhomme, je ne suis pas Pinocchio, j'ai pas envie de devenir un petit garçon, t'as dû louper un épisode, comme tu as très certainement loupé les cours de psychologie élémentaire à la fac de médecine, parce que plus con sur le plan humain et relationnel, à ce niveau là il faut le faire exprès si ce n'est pas le cas.

J'ai encore vainement tenté de lui expliquer que 3 mois de plus pour rien, ça signifiait pour moi 3 mois de plus à m'en prendre plein la gueule au boulot ou dans la rue et que ça n'allait pas franchement m'aider pour la suite, mais fume ! J'aurais tout aussi bien pu me carrer son stéthoscope dans l'oigne et danser la gigue, au moins ça aurait été rigolo. Il a fini par me dire "je comprends votre déception, monsieur (re-sic), mais aucun chirurgien ne pratiquerait une opération sans l'avis d'un psy" (attend, que je comprenne bien, c'est donc un psy qui va lui dire s'il est en état d'opérer, c'est ça hein ?). Surtout que dans 3 mois, s'il a pu mettre ce temps à profit pour un sevrage et qu'il arrête de me balancer ses conneries, il faudra encore trouver la date pour l'opération...je me vois bien accéder à une bête rhinoplastie après ma SRS et mon changement d'état-civil à ce stade. Autant que j'aille me faire casser le nez lors d'une opération de police, ça ira plus vite pour me le faire refaire ensuite.

L'entretien (je te tiens par la barbichette...) s'est soldé par le très attendu (moi je n'ai pas loupé les cours de profilage au moins) "vous pouvez passer au secrétariat pour prendre rendez-vous, monsieur, au revoir monsieur". J'ai senti comme un grand vide au fond de moi, avec l'envie de me cacher dans un trou de souris pour pleurer tout mon soûl, ou éventuellement lui mettre un taquet (finalement j'aurais dû opter pour la seconde solution, ça m'aurait évité de niquer mon maquillage), et je suis repartie "la queue basse" (au point où j'en suis, un peu plus, un peu moins, on ne va plus se formaliser pour si peu).

En tout cas une chose est clairement établie : lui pas toucher moi, ni dans 3 mois, ni jamais...et puis quoi encore ?

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