dimanche 24 avril 2016

La maison Borniol

La vie rêvée des trans au quotidien :

Bon, aujourd'hui j'ai été confrontée à de nouvelles "tracasseries" au boulot. Il paraît que la longueur de mes boucles d'oreilles en "gène" certains. J'ai mesuré : la plus longue paire n'excède pas 3,5 cms...je ne pensais pas qu'ils avaient de quoi être complexés par une longueur de 3,5 cms, comme quoi on surestime beaucoup la virilité des cons, lâches de surcroît, car aller chouiner auprès des autorités dans mon dos sur ce genre de conneries, ça en dit long sur leur "courage" (n'empêche, 3,5 cms, les pauvres).

Alors pour ne pas (encore une fois) envenimer les choses, et parce que depuis le début de ma transition j'essaye de "choquer" et de "provoquer" le moins possible les intolérants et les talibans en herbe, je vais opter pour de simples brillants ou carrément ne plus en mettre, jusqu'à ce qu'ils trouvent un autre prétexte pour laisser transpirer leur transphobie (voire leur homophobie pour certains, selon des propos qui m'ont été rapportés).

Je m'attends donc demain à ce que ces mêmes transphobes, s'appuyant sur le règlement, exigent que je conserve les cheveux courts avec une coupe masculine, m'interdisent tout maquillage, et pourquoi pas tant qu'on y est m'obligent à pisser debout quand je me rends aux toilettes (il y aura des caméras pour vérifier, au besoin), et ce, tant que mon changement d'état civil n'aura pas été validé.

Mais ce que ces imbéciles ne comprennent pas, c'est que si le règlement les autorise (provisoirement) à me chercher des poux dans la tête quand je suis au boulot, une fois que j'en repars ou que je m'y rends, ce n'est plus la même chose, et rien ne peut m'empêcher de m'habiller comme je veux dans la rue, maquillée et avec autant de bijoux que je veux. Le seul truc auquel ils n'ont pas pensé en revanche, c'est qu'il est hors de question que je mette une perruque si d'aventure j'étais contrainte à avoir une coupe masculine, et c'est là que ça devient drôle : à votre avis, que vont penser les gens extérieurs en voyant un mec habillé en fille venir travailler là où je travaille et quelle image auront-ils ensuite de ma corporation ? Car pour ces charmants "collègues", le qu'en dira-t'on est d'une importance capitale...cocasse, non ?

Bon, les réflexions imbéciles, les blagues lourdes, les réactions de rejet, tout ça je m'y attendais (ingénue mais pas trop) et j'en avais pris mon parti... si ça doit être une manière de rassurer les cons sur leur virilité, ça me passe au-dessus et je m'en fous royalement. Ce ne seront pas les premiers ni les derniers à agir de la sorte, et si je supporte ça au quotidien dans la rue, ce n'est pas au taf que ça va m'enquiquiner...d'autant qu'ils sont un peu limités question répartie...c'est ça le cerveau reptilien.

Non, ce qui me choque un peu, voire me fait du mal, c'est cette mentalité de collabos qui consiste à aller dénoncer par derrière tout ce que je peux faire, tels des valets serviles de la grande bâtisse de la rue Lauriston à une certaine époque, ou de la Loubianka, dans un autre registre. Ce glissage de peaux de bananes permanent pour tenter de m'atteindre par des moyens détournés, ces petites mesquineries en loucedé, ces jalousies crasses également (hé les gars, si vous voulez pouvoir avoir les cheveux longs comme moi, je vous file des tuyaux pour votre future transition...des amateurs ?), bref, tous ces coups aussi tordus que leurs esprits finissent par fatiguer un chouille.

Heureusement, ces pithécanthropes ne représentent qu'un petit noyau dur, mais virulent...tellement virulent même que ça en est presque "suspect"...il est de notoriété publique qu'en général ceux qui ont un rejet pour tout ce qui est "hors normes" ne sont pas tout à fait "blanc bleu" de leur côté. Ainsi, la plupart des psys s'accordent à dire par exemple que ceux qui ont une haine viscérale envers les homos auraient eux-mêmes des problèmes à se positionner quant à leur propre orientation sexuelle et que ces manifestations virulentes auraient pour seul but de détourner l'attention de leurs personnes. Fallait le dire que vous êtes des homos refoulés, les gars, je vous aurais tendu la main, moi, c'est pas si grave, allez...on se fait un poutou ?

Bon, en attendant, j'ai fini ma journée de boulot en m'énervant juste avant de partir après une andouille qui trouvait normales les attaques dont j'étais l'objet au nom de l'intolérance, car selon lui je n'avais rien à dire tant que je n'aurais pas changé d'état civil, et que les "aménagements" octroyés par ma patronne étaient injustes et me donnaient de fait plus de droits qu'aux autres mecs (pauvre chéri, tu aimerais te maquiller toi aussi, hein, mais t'oses pas demander, c'est ça ?). Enfin bref, les prochains jours s'annoncent bien, et pour peu que mon endocrynologue veuille doubler ma dose d'androcur, ça va être coton à vivre sans risquer de pêter un câble ou de me payer une bonne petite dépression de derrière les fagots, et tout ça à cause de ces croque-morts...tiens, c'est vrai, maintenant que j'y pense, ces tristes sires ont des tronches de mouches à formol de la maison Borniol, ça doit venir de ce qu'ils sont verts de rage quand ils me voient en jupe...

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