dimanche 24 avril 2016

La ruelle des morts



La manif des intolérants haineux du week-end dernier et leurs "arguments" et slogans creux m'ont amenée à quelques réflexions que je vous livre comme ça.

- Sur le droit au mariage pour tous :

Entre les fanatiques qui considèrent encore le mariage civil comme "sacré" et qui doivent toujours vivre avant 1905, et les "braves gens" pour qui "les homos ont déjà le PACS, ça leur suffit bien", ainsi que ceux qui souhaiteraient une sorte de "mix" entre ce PACS et le mariage, mais surtout pas le même contrat que le mariage, je trouve qu'ils ne vont pas encore assez loin.

Je serais eux, je proposerais carrément des places à part dans les transports en commun, des toilettes publiques séparées, et soyons folle, des ghettos avec barbelés et miradors. Il ne faut pas être si frileux, les gars, un peu d'audace, que diable !

Il faut juste savoir que le PACS ne donne pas les mêmes droits au couple et à chaque conjoint que le mariage, notament en cas de décès de l'un d'eux (héritage, conservation du patrimoine commun, droits sur les enfants, etc). Et puis c'est quoi cette volonté affichée de vouloir à tout prix inventer des nouveaux bidules pour les homos, quand il y a déjà des textes en vigueur ? Alors ce n'est pas la peine de jouer les faux-culs devant les caméras en affirmant, la main sur le coeur, que les homos sont des citoyens à part entière, quand on fait tout pour vouloir en faire des sous-citoyens entièrement à part.

- Sur la "Famille" :

"La famille c'est une maman, un papa, et un ou plusieurs enfants !" Ca va faire plaisir aux mères et aux pères célibataires, aux couples homos qui de fait forment déjà des familles avec enfants quand ils les ont eu avant, aux couples stériles, aux familles recomposées, aux enfants élevés par les grand-parents, bref, à tous ceux qui ne correspondent pas au "modèle" vanté par les visiteurs venus d'un autre âge.

Allez chiche, on supprime les allocations "familiales" à tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule, vu que ce ne sont pas vraiment des familles en somme, et on annule tous les mariages des couples stériles.

A ce sujet, il y a toujours eu un truc que je n'ai jamais compris dans le Code Civil. Quand on passe devant le maire, à un moment il y a un article qui dit comme ça : "les parents pourvoient à l'éducation des enfants". Lesquels ?

Parce qu'en théorie, si on ne vit pas dans le pêché (lol), au moment du mariage les enfants n'existent pas (à moins que ce soient ceux des voisins ?). C'est tout de même curieux qu'on puisse affirmer péremptoirement que le mariage entraînera obligatoirement d'avoir des enfants et ça me semble un tantinet prématuré, voire carrément un vice en droit, puisqu'on évoque un truc qui n'existe pas au moment de la signature du contrat. Ce côté "c'est écrit" me gène un peu, Un peu comme dans le film "Minority reports" où on prévoit à l'avance les futures exactions des citoyens qui sont préventivement emprisonnés. Bon ok, je chipote, mais après tout ce que j'ai pu entendre comme conneries lors de cette manif, j'ai le droit de me lâcher un peu moi aussi.

- Sur le droit des enfants :

On en aura parlé des enfants ce week-end, il y en avait même plein dans la manif. Avec ce genre de pancartes, c'est sûr que l'innocence de l'enfance est préservée, ah mais !




En direct de la manif, Virginie, 8 ans : "Dis papa, c'est quoi la sodomie ?"

Quoi qu'ils auront tellement entendu de saloperies dans les slogans, qu'un peu plus, un peu moins... Je me demande au passage si ce genre de truc ne relève pas du Code Pénal sur la protection des mineurs en matière de pornographie et ne serait pas répréhensible. Je dis ça, je ne dis rien, je laisse le soin aux juristes d'en décider.

Mais sur le fond de l'affaire, je ne vois pas en quoi le droit des enfants serait en cause, qu'ils soient dans des familles hétéros, mono-parentales ou homo-parentales. Je dirais même au contraire que donner la possibilité aux enfants élevés dans des familles mono-parentales ou homo-parentales d'avoir les mêmes droits que ceux élevés par des familles hétéros devrait être tout à l'honneur d'un grand pays civilisé ayant le mot "égalité" dans sa devise et la déclaration universelle des droits de l'Homme en préambule de sa constitution.

De plus, l'argument totalement fantasmé et scandaleux qui consiste à dire que des enfants élevés par des couples homos seraient plus exposés à des carences affectives, psychiques ou cognitives, ou à la perversité (rien que ça) des gens qui les aiment comme n'importe quelle autre famille dite "normale", est mis en pièce par les études faites à ce sujet depuis 70 ans (eh oui). Ou alors, autant dire que tous les couples hétéros sont coupables à priori d'inceste et de maltraitance enfantine, puisque les seuls faits avérés de ce genre de choses sont à chaque fois commis au sein des familles "normales". Donc tous les prêtres sont pédophiles, dans le même amalgame...

Quant au fait de prédire que les enfants élevés par des homos deviendraient fatalement homos à leur tour, voilà un argument qui fleure bon l'eugénisme. Je rappellerai juste qu'à ce jour, la majorité des enfants devenus homos ensuite ou dès leur plus jeune âge ont majoritairement grandi dans des familles hétéros, donc en toute logique populacière, le modèle de la famille hétéro "fabrique" plus d'homos que les autres...c'est inquiétant ça, Mr. Civitas...

En fait, le seul risque pour des enfants élevés par des couples homos serait de subir les railleries de leurs camarades à l'école, au même titre que des enfants roux, obèses, handicapés, différents de la moyenne en résumé, preuve qu'il reste encore beaucoup à faire en matière d'éducation et d'ouverture d'esprit.

Ah oui, j'allais oublier, je trouve toujours savoureux de profiter des leçons de sciences naturelles ou d'éducation sexuelle ("pas d'ovules dans les testicules" et autres niaiseries du genre) données par des gens dont la religion se base sur la naissance d'un prophète issu d'une vierge...abracadabra...et hop, sans les mains...ou alors a-t'elle eu recours à la P.M.A. ? On peut aussi se poser la question des rôles tenus par l'âne et le boeuf tant qu'on y est (mon dieu, quelle horreur !).

- Sur l'adoption :

Pour les talibans déguisés en laïcs, adoption par des couples homos streng verboten. Il vaut mieux en effet des enfants placés à la DDASS, si possible en séparant les frères et les soeurs, que risquer de les voir arriver dans une famille homo qui pourra leur apporter autant d'amour que d'autres familles.

Quand on sait les difficultés pour adopter, véritable parcours du combattant, on se demande en effet s'il ne faut pas être malade pour désirer un enfant à ce point, alors que n'importe quelle famille de cassoces peut en avoir autant qu'elle peut et à tire-larigo, quitte à les élever dans des conditions parfois plus que merdiques, mais les allocs sont là pour pallier au manque d'amour et d'éducation, et personne n'ira jamais leur chercher des poux dans la tête. Et si la situation devient trop craignos pour les gamins, ils pourront toujours être placés à la DDASS, dans les conditions citées plus haut, la boucle sera bouclée et la morale sera sauve. Ouf, tout va bien dans le meilleur des mondes...

- Sur la P.M.A. :

La P.M.A. ne devrait concerner pour l'instant que les seuls couples hétéros (mariés ou non au passage) et les couples de lesbiennes, mais la science avance à grands pas, on ne sait jamais.

Tiens au fait, pour revenir un instant sur les droits DE l'enfant qu'on oppose souvent au droit A l'enfant, que penser d'un système qui occulte totalement le père biologique en cas de P.M.A. et prive ainsi l'enfant du droit de savoir un jour qui a été son géniteur biologique ? Ne parlons pas non plus des enfants nés sous X, pour lesquels la mère biologique est en droit de refuser de donner les inhformations la concernant si l'enfant voulait savoir là aussi d'où il vient. Comme hypocrisie et foutage de gueule, ça se pose là tout de même, mais curieusement, pour les chevaliers blancs du droit des enfants, c'est silence radio sur tout la ligne à ces sujets.

Je trouve plutôt bien que des couples puissent avoir des enfants grâce à la P.M.A., c'est une façon de concrétiser un amour et de laisser une trace de son passage ici bas, en espérant que les futures générations qui se succèderont seront un peu moins connes que les précédentes.

- Sur la G.P.A. :

Aaaahh la G.P.A., le tabou ultime, encore plus "contre-nature" que les transsexuelles, c'est dire à quel point ça fait peur ce machin là. Vous vous rendez compte ? Heureusement, en France, on est très à cheval sur tout ce qui concerne les trucs en rapport avec la bio-éthique. On peut fermer les yeux sur le fait de nourrir des millions de personnes avec de la merde industrielle, là c'est "éthiquement correct", mais on ne badine pas avec le clônage thérapeutique. On ne craint pas de multiplier les OGMs, les pesticides inoffensifs pour l'organisme, qu'il faut pourtant manipuler avec des combinaisons N.R.B.C., tout ça respecte "l'éthiquette", mais hors de question d'autoriser les femmes à devenir des mères porteuses.

L'argument "massue" (comme l'arme favorite des néanderthaliens) consiste à dire que la G.P.A. entraînerait un mercantilisme odieux du corps de la Femme (vous savez, comme dans les pubs, quand la Femme nue sert de faire valoir à une marque de lessive ou un produit à récurer les chiottes) et relèguerait celle-ci à n'être plus qu'un vulgaire utérus sur pattes (ils doivent vraiment fumer de la merde pour avoir ce genre de "vision"...beurk).

C'est un peu le même principe que celui de tous ces "braves gens" qui se préoccupent de la condition féminine en voulant interdire la prostitution (pourtant le plus vieux métier du monde, bien avant le mariage, mais il doit y avoir des "valeurs ancestrales" moins dignes que d'autres).

Mais le plus "comique" reste encore ces gens qui ont été de tous les combats féministes, depuis les années 70 où on brûlait son soutif dans la rue (les connes, c'est si joli parfois) jusqu'à la loi sur l'I.V.G., revendiquant le droit des femmes à disposer librement de leur corps, et qui n'hésitent pas à s'empêtrer dans leurs contradictions en étant contre la G.P.A. Il faut croire là aussi qu'il est sans doute plus éthiquement correct de supprimer une vie que de vouloir la donner pour d'autres...des fois je me demande sur quelle planète je suis.



 

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